Une note technique de VIVEA circule depuis mai 2018 intitulée : « Conditions liées à la mise en œuvre des formations à la phytothérapie en médecine vétérinaire ». Elle est en pièce jointe de ce texte.
Cette note précise l’obligation de ces formations de respecter la loi : « Dès qu’un effet curatif ou préventif est revendiqué pour une plante, une partie d’une plante, ou un produit contenant une substance active à base de plante, celui-ci entre dans le domaine du médicament. (Article L. 5111-1 du code de la santé publique) : La phytothérapie en médecine vétérinaire relève du médicament et de la réglementation qui lui est applicable.
S’ensuit le cadre dans lequel une plante peut être prescrite par un vétérinaire : pour faire court, aucune plante ne peut être utilisée si on veut vraiment respecter la législation. Un vent de panique souffle depuis 2 semaines sur les organismes de formations qui proposent depuis une dizaine d’années ces formations très appréciées des éleveurs dans toutes les régions de France et d’Outre mer. Ces mises en garde émanent bien sûr des autorités qui veillent à la santé des populations (DDCSPP)… et qui n’ont aucune connaissance en phytothérapie !
Pour rappel, a propos de “légalité”, le bouchon est poussé si loin que la loi sur les plantes interdites en élevage en additifs alimentaires réussit à interdire 28 huiles essentielles qui n’existent pas ! C’est notamment le cas de l’HE de luzerne, trèfle des prés et de potiron...(règlement UE n°230/2013 du 14 mars 2013). Le ridicule ne tue pas !
Difficile de rester serein devant devant de pareils scandales. La coupe est largement pleine. Producteurs de plantes médicinales, fabricants de PNPP, vétérinaires et médecins phytothérapeutes, herboristes et pharmaciens herboristes subissent depuis des années des restrictions dans leurs métiers qui les obligent à travailler dans la clandestinité, avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête qui peut tomber à tout moment suite au zèle d’un fonctionnaire soucieux de faire respecter la loi (aussi stupide soit-elle…) ou à la dénonciation d’un collègue jaloux (une spécialité française ?). Et pourtant tous ces corps de métiers (validés par des diplômes ou des formations) œuvrent véritablement à une amélioration des soins et à la qualité de notre alimentation tout en accompagnant une véritable évolution de notre société vers des solutions plus naturelles.
Nous avons pris l’habitude de détourner le vocabulaire, de déguiser nos préparations, d’éviter tout terme médical, de cacher nos préparations, de mentir sur nos cahiers d’élevage, etc., pour échapper à l’Inquisition des lobbies pharmaceutiques et leurs sbires : DDCSPP, Ordre des médecins, Ordre des pharmaciens, Ordre des vétérinaires, répression des fraudes (DGCCRF)... Restaient nos formations encore épargnées par cette censure, jusqu’à aujourd’hui ! A quand une censure sur nos écrits et nos livres ? Probablement bientôt…
Il est temps de réagir pour dénoncer au grand jour l’incohérence de la réglementation et la confiscation par les pouvoirs médicaux d’un bien inaliénable que constitue l’ensemble des plantes médicinales utilisées depuis des siècles par les populations. En témoignent les écrits antérieurs à 1940, particulièrement pour les soins vétérinaires, une époque où les éleveurs étaient encore maîtres des soins administrés à leurs animaux. On peut bien-sûr changer l’intitulé de nos formations pour satisfaire aux exigences de VIVEA, manier avec subtilité cette novlangue, qui confine parfois au ridicule… On sait faire ! Mais on doit s’attaquer au fond du problème pour libérer ces pratiques prises en otage par notre société industrielle et mortifère, libérer le vivant.
Particulièrement touché par cette note en tant que formateur en phyto-aromathérapie (plus de 150 journées de formation réalisées avec le GIE Zone Verte depuis 2012), paysan-herboriste adhérent à SIMPLES et éleveur, je propose de réfléchir à une action de grande ampleur associant tous les acteurs concernés et les consommateurs afin d’interpeller nos politiques (Sénat) sur un véritable problème de société. Et dans un premier temps réagir auprès de VIVEA qui est avant tout au service des agriculteurs (et financé par eux) en dénonçant la gravité de leur note qui condamne ces formations. Il faut savoir que l’administration qui agrée les organismes de formation a déjà posé de nombreuses contraintes sur le contenu et l’intitulé de ces formations, alors pourquoi en rajouter ?
Michel Thouzery, Producteur SIMPLES et formateur