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SYNDICAT INTER-MASSIFS POUR LA PRODUCTION ET L’ECONOMIE DES SIMPLES

Publié le : 18 avril 2014

Eurre : Soins par les plantes

Appel à la résistance et à la mobilisation
Une soirée d’échange et d’information sur le thème « Les soins par les plantes, une pratique en danger. » a été organisée, vendredi 4 avril 2014, sur l’écosite d’Eurre.

A l’initiative du collectif Plantes Libres (composé d’Agribiodrome, des CIVAM, de la confédération paysanne, de Nature & Progrès, du syndicat caprin de la drôme, du syndicat Simples et du mouvement pur la biodynamie), cette rencontre a réuni plus de 200 personnes, éleveurs, producteurs de plantes médicinales, paysans et consommateurs, alertés par les nouvelles dispositions réglementaires, réduisant la liberté d’utilisation des plantes aromatiques et médicinales pour les éleveurs.

Un premier témoignage de Sandrine Lizaga, éleveuse de brebis laitière en agriculture biologique à Bourdeaux a eu un contrôle en août 2013, de la DDPP (direction départementale de Protection des Populations). Suite à cela, la DDT (Direction Départementale des Territoires) l’a pénalisée en février. Cet instance la sanctionne, car elle utilise des produits homéopathiques et des huiles essentielles, sans l’ordonnance d’un vétérinaire. Une réunion de crise s’est tout de suite tenue, afin de l’épauler. (Voir article de La Tribune la concernant).
Tout son entourage (éleveurs compris) était très dubitatif d’une telle sanction.
Et pourtant ! Après rendez-vous pris auprès des services de la DDSCPP, la sanction s’applique sur l’utilisation des plantes mais la DDSCPP s’est rétractée sur l’homéopathie. Cette pénalisation est donc bien effective !
Alors que le ministre de l’agriculture a mis en oeuvre un plan pour la réduction de l’usage des antibiotiques dans es élevages français (plan Écoantibio), les éleveurs qui ont d’autres solutions aux antibiotiques sont pénalisés !

Le second intervenant Jean-François Roussot, distillateur du Syndicat Simples (syndicat professionnel des producteurs et cueilleurs de plantes aromatiques et médicinales), a expliqué que « les plantes et leurs utilisations sont un patrimoine, un savoir-faire traditionnel. Le Système de réglementation actuel a perdu sa cohérence et son lien avec le vivant.Il est deconnecté de la réalité. Dans la réglementation interdisant des huiles essentielles en complément alimentaire dans les élevages, beaucoup n’existent même pas ! Par exemple l’HE bourrache, d’aubépine ou encore le potiron ». Apparemment, Bruxelles n’a pas toutes les données !
Autre exemple la loi REACH : le nouveau règlement sur les huiles essentielles défini celles-ci comme un ensemble de molécules chimiques à mettre dans une case : on doit dire si telle huile est un arôme alimentaire, un parfum, un produit médical, un produit cosmétique : « C’est de la folie complète, explique Jean-François Roussot, une huile essentielle a de multi usages ! » « Il y a un décalage constant auquel on doit faire face en tant que producteur, avec de nouveaux règlements, et ce n’est pas notre métier de producteur. »
« Les petits producteurs ne peuvent pas travailler tranquillement. Les nouveaux règlements les obligent à passer leur temps à faire des réunions, pour savoir comment étiqueter, comment flaconner, pour savoir s’ils ne sont pas hors-la loi du jour au lendemain . »
« L’usage des plantes a été longtemps négligée par les corporations des médecins et pharmaciens. Ils veulent aujourd’hui en garder le contrôle. Nous avons, vous avez le droit de choisir la façon de se soigner . Nous ne revendiquons les compétence d’un médecin mais le droit de vendre notre production a qui veux l’acheter. il faut avoir confiance en nous ; nos clients savent de plus en plus à quoi servent les plantes et reviennent vers les produits locaux de qualité. Gardons notre éthique, notre liberté, notre cohérence et notre bon sens. Il faut continuer cette résistance ou plus exactement cette guerre pacifique. »

André Hyvrier a pris ensuite la parole pour expliquer les nombreuses contraintes règlementaires que rencontre la société Elixens (entreprise française de transformation de plantes médicinales).
La règle CE178/2002, le paquet hygienne, les analysés microbiologiques, le décret sur les compléments alimentaires de 2013, la liste des allégations prédéfinies, la loi sur les cosmétiques de juillet 2013, les allergènes, le réglement REACH... « Toutes ces nouvelles règles compliquent » (pour ne pas dire freinent) « la vente des plantes médicinales. La mobilisation citoyenne devra faire entendre sa voix. Il faut reconnaître les savoirs ancestraux. On l’a fait pour les indiens d’Amazonie, et notre savoir des plantes et leurs usages doit être reconnu comme un patrimoine. » affirme-t-il.

Guy Kasler, porte-parole du réseau semences paysannes est lui encore plus vindicatif : « Si on devait respecter les règles, il n’y aurait plus de producteurs ! Quand un pratique est nécessaire et légitime, nous devons l’appliquer... Le droit soit d’appliquer à la réalité... et la réalité, c’est le savoirfaire, la tradition. On va bientôt interdire à nos animaux de brouter le thym ! »
Il rappelle la guerre de l’ortie en 2006. « Les bonnes pratiques paysannes sont criminalisées ! » Comme le souligne Vincent Delmas, paysan et prote-parole de la confédération paysanne de la Drôme : « n se bat pour la dignité des paysans ! »
ET Guy Kasler de rajouter en expliquant le combat des semences paysannes : « Nous sommes dans le pays des AOC : c’est un terroir plein de micobes avec des savoirs populaires ; il faut supprimer le brevet sur le vivant. »

Michel Bouty, vétérinaire et Anne Portier naturophate, sont aussi convaincus que les soins par les plantes, liés à une alimentation équilibrée, sont indispensables à l’homme comme à l’animal.

Il faudra réagir et mobiliser un grand nombre de producteurs, éleveurs, mais aussi consommateurs et citoyens, pour défendre ce droit au vivant, ce droit d’utiliser nos savoirs traditionnels, sans que ces pratiques deviennent hors la loi, sans que les producteurs et éleveurs, citoyens, soient traités comme des criminels.

Valérie MEO.(pour La Tribune)

http://e-tribune.fr/index.php/region/region-agriculture/1551-eurre-collectif-plantes-libres

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    eurre Soin par les plantes - Avril 2014

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