www.syndicat-simples.org

SYNDICAT INTER-MASSIFS POUR LA PRODUCTION ET L’ECONOMIE DES SIMPLES

Publié le : 30 mai 2018

Interdiction des huiles essentielles ? Qu’en est-il ? Que faire ?

Bonjour à toutes et tous,

Nous recevons régulièrement des alertes et des appels à pétition sur le risque d’interdiction des huiles essentielles.

Nous voyons çà et là des articles sur les journaux de bonne foi enfonçant des portes grandes ouvertes. Ainsi peut-on lire : « les huiles essentielles mal utilisées sont dangereuses ». Eh bien oui, bien sûr ! Mais le sel, le gazole, la pomme de terre aussi ! Ce qui pose problème, n’est-ce pas surtout le manque de bon sens dans l’utilisation d’un produit actif ?

En tant que représentant des SIMPLES et producteur-distillateur, il me semble important de clarifier notre position et de rappeler certains points sur la réglementation en vigueur. Le problème de fond est complexe et la profession travaille depuis longtemps sur cette problématique. (cf. le positionnement du Syndicat SIMPLES vis à vis de la réglementation, en pièce jointe)

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Quels sont les problèmes rencontrés pour la vente directe ?
Aujourd’hui, les huiles essentielles ne sont pas interdites à la vente, sauf 15 qui présentent des risques de neuro-toxicité (voir la liste détaillée en pièce jointe).

Ces 15 huiles essentielles sont réservées aux pharmaciens et nous ne revendiquons pas leur vente. Les autres sont suffisantes pour une vente sans risque.

La vente des huiles essentielles, pourtant reconnues comme produits agricoles, est compliquée car la réglementation n’est pas adaptée :

- Le caractère multi-usage n’est pas reconnu, nous devons présenter un seul usage (cosmétique, arôme alimentaire, parfum d’ambiance,...) il est donc impossible d’avoir une étiquette correspondant à la réalité du produit.

- Il ne nous est pas autorisé officiellement de donner clairement des conseils d’utilisation sur les vertus médicinales et nous devons nous cantonner à un seul usage. Exemple : Si je vends une huile essentielle de lavande pour diffuser dans l’atmosphère, je ne peux pas vendre la même pour cicatriser une plaie ou pour parfumer l’atmosphère. Dans la pratique, nous le faisons pour une question de transparence sur la réalité de l’usage du produit et sur ses risques de mésusage.

Par quoi se sent menacé le producteur en vente directe aujourd’hui ?
Par les risques de se voir retirer ses produits suite aux contrôles des fraudes. Car il est presque impossible d’être totalement en règle avec une réglementation inadaptée au produit, au producteur et au consommateur et ce, malgré toute les connaissances, le soin apporté aux produits et le respect des règles d’étiquetage.

De plus, chaque producteur reste seul confronté au contrôleur qui, face à la complexité de la réglementation, existante a sa propre lecture de la réglementation à appliquer.

Alors que faisons-nous ?
Les producteurs qui sont principalement regroupés en 3 mouvements - La Fédération des Paysans Herboristes, la Confédération Paysanne et le Syndicat SIMPLES - œuvrent depuis des années pour faire évoluer cette situation favorablement pour tous.

Comment ?
- En sollicitant les pouvoirs publics pour réaliser des enquêtes et études sur un état des lieux des problématiques réglementaires liées à la vente : une étude FranceAgriMer va voir le jour sous peu.

- En interpellant les services de la Direction des Fraudes.

- En participant aux réunions interministérielles sur les problématiques de réglementation.

- En éditant des documents à l’intention des citoyens sur ces problématiques (voir en pièce jointe le dépliant de la Confédération Paysanne).

- En créant des évènements médiatiques tels que la Fête des Simples pour sensibiliser le public.

- En travaillant sur un recueil de nos savoirs et des usages des plantes basés sur 35 ans d’expériences et de pratiques des savoirs populaires des producteurs SIMPLES.

- En travaillant à la reconnaissance de notre métier, qui nous permettra de donner des conseils avisés et justes sur l’utilisation pragmatique et sans danger des plantes sous différentes formes.

Les producteurs ou “paysans herboristes” s’impliquent collectivement pour faire reconnaître les métiers de l’herboristerie : un travail est en cours au Sénat, où des auditions sont menées auprès des acteurs concernés pour aboutir au dépôt d’un projet de loi. C’est un travail de longue haleine, qui doit se faire sereinement et qui est mené par une commission sénatoriale, à l’initiative du sénateur Joël Labbé qui en est le rapporteur.

Vous pouvez suivre les travaux de cette commission en utilisant le lien suivant :
http://www.senat.fr/commission/missions/herboristerie_et_plantes_medicinales.html

Le projet de loi est prévu pour l’automne. Il est évident que ce projet de loi ne sera pas au goût de tout le monde. Il faut que chaque partie trouve sa place : consommateur, paysan herboriste, herboriste de comptoir, pharmacien herboriste, etc...

Comment aider ?
Avant tout, il ne s’agit pas de céder à la colère ambiante ou fabriquée et au “buzz” des pétitions sans lendemain. Mais il faut rester très vigilant et la mobilisation populaire aura un poids réellement important lorsque le projet de loi passera devant les députés et les sénateurs.

Nous ne manquerons pas de vous avertir au moment venu, afin d’alerter vos élus et peut-être de soutenir de différentes manières, pétitions ou autre.

Mais nous n’en sommes pas encore là...

La reconnaissance du droit d’acheter et de vendre des plantes aromatiques et médicinales non dangereuses va bien au-delà d’un simple enjeu économique et de “sécurité du citoyen”. C’est un enjeu de société qui aborde une question plus large : quel espace de liberté la République accordera-t-elle aux citoyens qui souhaitent prendre une part active et autonome pour leur santé et le choix de leurs produits ?

Pour l’heure, nous invitons tous les producteurs de plantes à ne pas céder à la peur, ni à la colère et à garder confiance dans notre beau métier. Mieux que nos étiquettes “conformes”, c’est notre cohérence et notre éthique, notre respect de la terre, des plantes et de ceux qui les utilisent qui sauvera notre activité.

Nous attendons de vous que vous diffusiez et souteniez nos actions auprès du grand public, en lien avec la Fédération des Paysans Herboristes, la Confédération Paysanne et le Syndicat SIMPLES.

L’avenir de l’agriculture paysanne et de la qualité des produits artisanaux et locaux est fragile mais vivante grâce à nous, grâce à vous toutes et tous !

Mais en attendant, les plantes poussent, pour le plus grand bonheur des yeux, des papilles, du nez et de notre santé. Elles sont belles et rien ne les empêchera de nous parfumer, de nous soigner et de nous embellir.

Amitiés,

Jean François ROUSSOT
Co-secrétaire général du Syndicat SIMPLES

Merci de diffuser ce message dans vos réseaux.

En complément, nous vous invitons à lirecet article rédigé par les décodeurs du journal Le Monde

  • PDF - 750 ko
    Positionnement du Syndicat SIMPLES vis à vis de l’évolution de la réglementation
  • PDF - 33.7 ko
    Litse des 15 HE non autorisées
  • PDF - 1 Mo
    Confédération Paysanne - dépliant PAM

syndicat simples logo