Sandrine Lizaga est installée en fermage à Bourdeaux depuis 2010, elle élève 60 brebis mères en agriculture biologique sur 52 hectares.
Elle transforme le lait de ses brebis à la ferme : fromages lactiques, yaourts et tomes pressées, qui sont vendues en direct.
Sandrine a subi un contrôle de la DDPP [1] au mois de juillet 2013, sur les aspects sanitaires et le bien-être des animaux (conditionnalité des aides PAC). C’est la 6ème fois qu’elle est contrôlée cette année…
Les inspecteurs ont ainsi relevé une anomalie qui concernait la présence de médicaments sans ordonnance : granulés d’homéopathie, huiles essentielles et extraits de plantes !
La Confédération paysanne a rencontré la DDPP suite à ce contrôle. Les agents de l’État nous ont informés que selon le Règlement UE 230-2013 et une note de l’ANSES [2] définissant le médicament animal, il fallait à présent une ordonnance d’un vétérinaire pour soigner ses animaux avec des plantes !
Toutefois, l’utilisation de l’homéopathie n’est pas soumise à cette réglementation et peut encore être réalisée librement par l’éleveur. Nous leur avons fait remarquer qu’on peut acheter librement huiles essentielles et extraits de plantes pour se soigner soi-même !
La Confédération Paysanne de la Drôme a donc organisé une journée Ferme Ouverte sur la ferme de Sandrine. Après la visite de l’élevage et de la fromagerie le matin, une table ronde a réuni environ 35 personnes autour du thème de la liberté des pratiques d’élevage et en particulier les soins aux animaux par les plantes.
Alain Boutonnet (vétérinaire homéopathe), Claire Montésinos (productrice-cueilleuse de plantes médicinales et distillatrice) et plusieurs acteurs drômois concernés par la question ont pu éclairer l’assistance sur de nouvelles réglementations qui restreignent la production, la commercialisation et l’usage des plantes :
Directive REACH [3] qui met les Huiles Essentielles au même niveau que des produits chimiques toxiques
Règlement UE 230-2013 qui interdit 600 plantes
Note de l’ANSES sur le statut juridique du médicament vétérinaire au regard des produits à base de plantes
Il en est ressorti des incohérences entre la réglementation pour les humains et pour les animaux et des contradictions entre ce qui est autorisé en tant qu’ « aliment » ou en tant que « soin » par les plantes. La volonté affichée de réduire l’utilisation des antibiotiques est-elle compatible avec tant de restrictions sur l’usage des plantes ? De plus, d’un État Membre de l’Union Européenne à un autre, l’application des règlements peut être différente. De même chez nous, d’un département à l’autre, l’interprétation d’une note du Ministère peut varier…
Pour la Confédération Paysanne de la Drôme, cette nouvelle atteinte à la liberté des éleveurs est inacceptable. Elle les prive d’un savoir faire ancestral et les conduit à grand pas dans un modèle de plus en plus industriel. Les éleveurs doivent résister et la Confédération paysanne les accompagnera dans ce combat.
Contacts :
Vincent Delmas : porte-parole, 06 07 69 36 25
Sébastien Pelurson : éleveur, 06 16 87 93 26